Lors de son intervention samedi dernier dans l’émission Röa-Mazava diffusée sur la page Facebook de « 24h Mada », Lova Hasinirina Ranoromaro, directrice des affaires internationales et porte-parole de la Présidence, a tenu à rassurer sur la solidité des relations diplomatiques entre Madagascar et les Etats-Unis, malgré l’affaire récente impliquant des Boeing 777 immatriculés à Madagascar et aperçus en Iran.
Interrogée sur ce dossier sensible, la directrice insiste sur le fait que ni le Président ni le Premier ministre n’étaient informés de ce dossier. Cette absence de communication officielle est présentée comme une « faute » du ministre concerné, qui a préféré s’expliquer après coup. Dans la foulée, l’Exécutif a ordonné l’ouverture d’une enquête approfondie pour faire toute la lumière sur cette affaire et identifier tous les responsables, « même ceux proches du Chef de l’Etat ».
Face aux suspicions, le Gouvernement malgache aussi a sollicité l’appui d’Interpol et du FBI pour mener des investigations. La porte-parole précise que, peu après cette demande, une note verbale a été envoyée à l’ambassadeur des Etats-Unis à Madagascar. La coopération s’est concrétisée rapidement par l’arrivée de « précurseurs » du FBI et de hauts responsables de cette agence gouvernementale cette semaine. Des réunions conjointes impliquant notamment les ministères de la Justice et de la Police nationale, ont ainsi déjà eu lieu.
A elle toujours d’expliquer que cette affaire relève d’un « usage de faux » concernant des immatriculations expirées et non d’un quelconque lien avec l’Iran. Selon elle, Madagascar s’était engagé seulement dans des démarches d’immatriculation provisoire pour un transit vers le Kenya. Elle tient aussi à souligner que, suite à la révélation de cette affaire, les Etats-Unis ont abaissé les droits de douane sur certains produits malgaches, passant de 47% à 15%, signe, selon elle, d’une relation bilatérale non affectée par cette controverse.
Démenti sur Romy Voos
En outre, Lova Hasinirina Ranoromaro réfute l’idée que le ministre des Transports démis serait un « fusible » pour éteindre la polémique. Elle rappelle que toute décision présidentielle est prise sur la base de faits concrets, et qu’aucune nomination de Romy Voos, ancienne directrice de cabinet, au sein de la Présidence n’a encore été officialisée. Pour rappel, cette personnalité a été relevée de ses fonctions car ayant été au centre d'une affaire de corruption internationale impliquant la société minière britannique Gemfields,
En tout cas, au-delà des Etats-Unis, la responsable au niveau de la Présidence a dressé un panorama des relations diplomatiques de Madagascar avec d’autres partenaires internationaux. Elle a évoqué la présidence historique de Madagascar à la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui prendra officiellement effet le 17 août. Cette responsabilité régionale est une reconnaissance de la stabilité politique du pays et de son image positive en Afrique, notamment après les élections présidentielles de 2023.
Sur le plan économique, la présidence de la SADC devrait générer d’importantes retombées, avec environ 600 participants attendus, dont plusieurs Chefs d’Etat, apportant une stimulation directe à l’économie locale à travers l’hôtellerie et la consommation de produits locaux. Madagascar entend utiliser cette plateforme pour promouvoir ses priorités nationales, telles que l’industrialisation, le développement agricole et les énergies renouvelables.
Concernant les relations avec l’Union européenne, la porte-parole a relativisé le récent rappel à l’ordre de l’ambassadeur européen à Madagascar, lié à un commentaire sur une donation de véhicules par la Chine, soulignant qu’il s’agit d’une procédure diplomatique classique. Elle a insisté sur l’ouverture du pays à une coopération internationale large, respectueuse du droit international et des cadres des Nations unies.
Enfin, sur le dossier sensible des Îles Eparses, Lova Ranoromaro a rappelé que la commission mixte franco-malgache avait marqué une avancée notable lors de sa réunion à Paris le 30 juin, avec la reconnaissance officielle par la France de l’existence d’un différend sur la souveraineté des territoires. Un canal de dialogue spécifique a été établi pour poursuivre les discussions, tandis que d’autres aspects bilatéraux progressent, notamment la facilitation de l’obtention des visas Talent.
Recueillis par Lalaina A.